13 mai 2013
...
Le début de la fin. On y pense tous. Mais on en prend rarement conscience. Parce que c'est abstrait. Parce qu'on se raccroche à la vie même quand on nous dit 'vous allez mourir' oui mais quand?
Au début, ils m'ont dit moins d'un an. Je suis toujours là. Quelques semaines quelques mois j'en arrive à me dire que je suis pas comme les autres cancéreux dit 'grave' que je peux surmonter mon cancer que je peux le battre mais au fond de moi, je sais bien que non pourtant je continue. Je respire. Inspiration expiration inspiration expiration, inspiration expiration. Des fois je bloque. J'enlève mes lunettes. Je souhaite mourir. Mais je meurs pas j'ai peur je recommence a respirer, inspiration expiration inspiration expiration inspiration expiration. La douleur me fait mal. Je souffre du dos, des cotes flottantes des cotes tout court. Inspiration expiration... Je me sens pas prêt. Est ce que je le serai un jour? J'en doute. Si j'avais pas eu peur de tacher mes draps de sang, je me poserai pas ces questions. J'ai peur de souffrir d'avantage. Je me dis que c'est pas possible mais quand je me dis, j'ai trop mal on m'augmente mes patchs morphinique. Je sens toujours les douleurs. Je souffre toujours. La souffrance n'a pas de gare. Inspiration expiration inspiration expiration inspiration expiration. Inspiration expiration. Je ne veux pas souffrir. J'aimerai que ça s'arrête. Mais je veux pas mourir. C'est le problème. C'est mon problème. J'le sais bien. On me dit que je suis courageux. On me dit que je me bat. Mais mon corps me lâche. Quand on se chie dessus quand on retient plus rien. Qu'est ce qu'on devient? C'est quoi la suite?
J'aimerai qu'on me prenne la main et qu'on m'aide mais c'est risible, l'état n'en a rien a foutre des gens comme moi. On est déjà mort pour eux. On servira a rien. Pas d'organe a prélever, rien. On est mort dans cette société. On existe pas. On nous calcule pas. Sauf si on est juif, arabe ou pd.
J'ai besoin de dormir. J'ai besoin de partir. Inspiration. Expiration. Inspiration expiration... Si je pouvais me sentir en confiance, si le monde médical était plus humain si, les gens. On nous tire vers le bas. La tête sous l'eau. Je sais pas comment on respire sous l'eau. Je suis pas un poisson.
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3 commentaires:
Je te comprends trop bien.
J'ai connu la sentence du médecin me disant que si je n'étais pas venu, 15 jours plus tard je serai dans une boite en bois.
J'ai connu les périodes ou l'on ne retient plus rien et je pleurais seul chez moi : 30 ans et incontinent... La suite?
La comparaison s'arrête la mais comprends trop bien ton état d'esprit.
Parfois je me dis qu'avoir quitté la blogosphère m'a coupé de tous les gens que j'aimais lire, dont toi... Je ne sais que dire à ton article car je peux comprendre tes mots mais que je ne peux certainement pas savoir ce que tu ressens au quotidien. J'ai perdu cette année un proche du cancer qui avait mon âge et face à autant d'injustice je n'ai eu que le silence comme réponse.
Pour avoir connu cet environnement je sais que des gens te tournent le dos, ont peur, reviennent mais ne sont pas à la hauteur, je sais ce sentiment qui résonne au fond de soi face à toute les personnes qui face à nous se plaignent pour rien, ou ne sont même pas capable de te regarder dans les yeux...
Je voudrais avoir les mots justes pour te dire que malgré tout ça tu as raison d'aimer la vie et de vouloir te battre. Pendant de longs mois mon cousin lui aussi s'est battu pour sa fille et sa compagne et un jour c'est juste le corps qui n'a plus suivi, mais je ne garde qu'en souvenirs nos rire d'enfance et son courage qui m'a mis une grande baffe dans le figure.
Quoi qu'il se passe, malade ou pas, sache que tu laissera à jamais une empreinte dans le coeur de tes proches et de ceux que tu croises.
Tout ce que je raconte n'a peut être pas de sens, je sais pas pourquoi je commente d'ailleurs, mais sache que même si au final nous ne nous connaissons qu'aux travers de kilomètres de texte je pense souvent à toi, et que je ne comprends pas aujourd'hui pourquoi je n'ai jamais pris le temps de franchir le pas et de te rencontrer.
Je t'embrasse très fort.
Que dire ... arrive un moment où les paroles ne sont plus grand chose et l'esprit davantage. Toi et moi savons de quoi il retourne alors je t'embrasse. C'est presque rien dans cet océan de douleurs mais c'est déjà autre chose
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